"Sur mon front, il y a toujours écrit 'otage au Liban'": Jean-Paul Kauffmann raconte sa vie d’après

Détenu au Liban pendant près de trois ans, de 1985 à 1988, l’ancien grand reporter n’a cessé de revenir sur sa captivité… sans jamais l’évoquer directement. Récit d’une résilience.
Beyrouth, le Hezbollah, Jean-Paul Kauffmann: ces noms sont enchevêtrés dans notre mémoire collective. Le 22 mai 1985, le journaliste de L’Événement du jeudi est enlevé au Liban avec le sociologue Michel Seurat. Il est libéré près de trois ans plus tard, le 4 mai 1988. Cette expérience traumatisante hante les livres qu’il publie depuis trente ans, couronnés notamment par le Prix de la langue française en 2009.
lors que les éditions Bouquins viennent de réunir ses principaux textes dans un volumineux ouvrage (1), l’ancien otage se souvient de "l’indicible".
Pendant les neuf premiers mois de votre détention, vous avez pu disposer de papier et d’un crayon. Qu'écriviez-vous?
Une fiction assez apocalyptique, très noire, dans une France où n’existait plus aucune autorité, plus aucune loi. Tout cela faisait écho à ma condition d’otage. [Il soupire] L’esprit humain est curieusement fait. Mon quotidien aurait dû m’inciter à chercher une échappatoire. Mais c’était comme si le captif que j’étais avait besoin de séjourner au cœur de la tragédie, de s’y complaire! Quand j’ai été privé du crayon, le manque a été énorme. Je me suis alors efforcé de tout graver dans ma mémoire. C’est peut-être pour cela qu’après ma libération, je n’ai jamais écrit avec autant de facilité.
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